dimanche

Journée professionnelle: l'enfant et l'image

Lors de cette journée nous avons recueilli les propos de divers professionnels de la petite enfance qui s'intéressent aux répercussions que peuvent avoir les images et plus largement les médias sur les enfants.

Que pensez vous des effets des médias sur le jeune public?


"Il est important d'attirer l'attention et de susciter la réflexion des professionnels et des parents sur la façon dont la télévision et les images animées sont perçues par les tout petits.
Aujourd'hui il y a peu de recherches sur cette question, or, tout le monde peut constater que les très jeunes enfants "consomment" de la télévision. Ce n'est pas parce qu'ils sont petits que les messages, les atmosphères, les conflits et les tensions véhiculées par les écrans ne les atteignent pas... Cela a des effets sur eux".

Sylviane Giampino.


La diffusion d'oeuvres cinématographiques vous semble t-elle intéressante dans un but éducatif?

"Le cinéma public, lieu de diffusion culturelle, s'inscrit dans une démarche éducative globale. La question de la formation des publics scolarisés est une préoccupation majeure. En plus du travail mené par les équipes des cinémas vers les publics scolaires et les centres de loisirs, il existe un certain nombre de dispositifs en faveur du jeune et du très jeune public".

Caroline Parc.


Quel est l'impact de l'univers médiatique dans lequel les enfants grandissent actuellement?

"Aujourd'hui, les enfants grandissent, se développent et se forme dans un monde médiatique omniprésent. Tout d'abord en famille où il est devenu un des principaux éléments culturels et de distraction, comme nous le montre de nombreuses études. Ce phénomène médiatique prend de plus en plus d'ampleur pour s'introduire dans les institutions ; ce qui nous amène à nous interroger sur l'utilisation de l'audiovisuel en crèche [...]".

Avez-vous déjà pratiqué des études directes sur les enfants face à un support audiovisuel?

"effectivement, nous avons comparé les modes d'entrée dans la culture narrative à partir de deux supports audiovisuels : la projection de diapositives et la projection d'une vidéocassette de la même histoire (Max et les maximonstres). Cette histoire est vue pour la première fois par les enfants.
Un premier objectif est d'évaluer l'intérêt et l'attention de l'enfant à l'écoute. Nous constatons que pendant une séance de diapositives, les enfants sont plus attentifs et participatifs. En revanche, durant une projection vidéo du même sujet, les enfants sont peu attentifs et n'ont pas une attention soutenue.
Dans un deuxième temps, nous nous proposons d'observer la façon dont les adultes qui ne connaissent pas l'histoire, amènent l'enfant à restituer ce qu'ils ont vu et entendu. Nous distinguons deux moments, d'une part lorsque les enfants racontent sans le livre et d'autre part lorsqu'ils ont le livre entre les mains. Nous avons observé que les adultes ont une façon différente de faire raconter l'histoire aux enfants qui peut leurs être plus ou moins bénéfique".

Chantal Simon-Caracci.


Comment voyez vous les relations enfant et médias aujourd'hui?

"Il n'y a pas à avoir peur face aux écrans, mais plutôt à essayer de comprendre la place qu'ils prennent, ce qu'ils apportent vraiment aux tout petits. Baby-sitter lorsque cela nous arrange ou recherchons une ouverture, mais alors sur quoi?
La télévision est encore le média qui tient la plus grande place dans les familles, surtout en bas-âge. Que transmet-elle? des portes ouvertes sur le monde, une culture digne de ce nom? comment? Pourquoi? Support de publicité, elle tiendrait avant tout, à faire des émissions, des "supports de publicité". Ceci induit des études de marché qui pèsent sur les choix des programmateurs... et voilà comment on en arrive à transmettre une culture "pervertie"!

Les émissions de "télé réalité" en sont un bon exemple. On oublie la singularité de chaque enfant, de chaque personne. Or ce sont les différences qui créent la vie, si on en arrivait à créer un seul mode d'expression s'appliquant en masse, ce vers quoi on tend pour le maximum de profit, langages, mimiques, expressions, vêtements contribueraient à construire un univers monolithe.
Il n'est jamais trop tôt pour sensibiliser les enfants à "la com", c'est ce qu'ont compris depuis longtemps des publicitaires avisés.
Information, communication peuvent aussi faire appel à l'intelligence, la curiosité, l'information, l'éthique et une esthétique de qualité plutôt que mettre en place de susciter des réflexes primaires, qui feront que votre bout de chou de 3 ans se précipitera vers un produit qui aura les couleurs qu'il aime.

Comment, en famille , avec la télévision, contribuons nous, insensiblement, à faire entrer nos enfants dans un monde passionnant par sa richesse ou dans celui de la consommation? Consommateurs candides mais "formatés" ils pèseront alors sur l'achat des marques dont ils auront vu se multiplier les formes et les couleurs. Sans oublier que la toute petite enfance est une période féconde en sensations de toutes sortes, période où se mettent en place les liens avec les parents et les sens[...] qui donne sa couleur à la vie".

Elisabeth Auclaire.






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